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Léon SPILLIAERT, HANGAR À DIRIGEABLE

Léon SPILLIAERT
Né en 1881 à Ostende, Belgique. Décédé en 1946 à Bruxelles, Belgique.

HANGAR À DIRIGEABLE, 1910
Encre et lavis d’encre sur papier
86,5 × 71 × 3,5 cm
Collection Farida et Henri Seydoux (Paris)

Ayant grandi dans le spleen symboliste de sa Belgique natale, Léon Spilliaert est le peintre de la nuit et des solitudes. De santé fragile, insomniaque et solitaire, il arpente dans l’obscurité les rues du port d’Ostende. Pour son œuvre, dont l’atmosphère étrange et fascinante happe le regard, il puise l’inspiration dans les profondeurs de son âme tourmentée pour donner corps aux angoisses humaines, existentielles et intimes, les plus insondables.

Cette œuvre fut commandée par Robert B. Goldschmidt à Léon Spilliaert en 1910 et représente son ballon dirigeable, le Belgique II, dans son hangar à Oudergem. Le dirigeable dans le hangar traduit toute l’excitation et la frénésie que suscite ce singulier et étonnant mode de transport. Soucieux d’immortaliser le Belgique II, Robert B. Goldschmidt commande à Léon Spilliaert une série d’œuvres illustrant le vaisseau en plein vol ou dans son hangar. Certaines œuvres reproduisent le zeppelin jaune réduit à un petit point dans le ciel, d’autres magnifient le ballon qui apparait dans toute sa splendeur, ses contours dépassant parfois la largeur de la feuille de l’artiste.

Par la sobriété du trait, Léon Spilliaert préfigure l’art abstrait. Le contraste entre l’horizon lointain et la gigantesque construction du hangar du dirigeable l’incite à des compositions qui s’appuient sur une division de la page en triangles. Au lieu de tracer jusqu’au bout les lignes de perspectives du grand bâtiment, il les coupe abruptement. La présence envahissante de cette construction colossale s’en trouve encore plus nettement accentuée. Pour l’artiste, le hangar revêt une signification quasi-sacrée, comme l’écrin dans lequel le dirigeable est conservé et totalement soustrait au regard des curieux.